Quelles sont les intentions du Gouvernement pour assurer la relève du secteur agricole et revaloriser cette filière ?

“Ma question concerne le problème du renouvellement des agriculteurs. Dans les campagnes françaises, depuis plusieurs décennies, le nombre d’agriculteurs décroît régulièrement, inexorablement, tout comme le nombre d’exploitation agricoles.

De nombreuses causes expliquent ce phénomène, parmi lesquelles figure, malheureusement, la dégradation des conditions de vie et de travail des exploitants.

Pour remédier à ce phénomène, plusieurs mesures ont été prises durant ce quinquennat, notamment dans la loi ÉGALIM. Elles ne sauraient toutefois être considérées comme suffisantes, tant ces métiers subissent une crise des vocations, doublée d’un vieillissement important de leur population. L’âge moyen des agriculteurs atteignait 52 ans en 2016, et environ deux tiers des agriculteurs assurent qu’ils n’ont pas identifié de repreneur en prévision de leur départ en retraite. Cette situation est préoccupante, puisque la difficulté à trouver un successeur risque d’accentuer le phénomène de rassemblement des exploitations, mais aussi les achats des terres agricoles par des acteurs étrangers.

La relève du monde agricole doit être assurée pour garantir l’indépendance alimentaire de la France et le modèle familial, plus vertueux pour les agriculteurs et pour l’environnement. Ce renouvellement se joue également dans les lycées et les lieux de formation agricole, qui doivent s’adapter pour répondre aux nouveaux enjeux de ce secteur. 

Quelles sont les intentions du Gouvernement pour assurer la relève du secteur agricole et revaloriser cette filière ?

M Julien Denormandieministre de l’agriculture et de l’alimentation,

“Votre question m’offre tout d’abord l’occasion de saluer l’enseignement agricole, une spécificité française qui subit exactement les mêmes conséquences de la crise de la covid-19 que l’enseignement général même si on en parle beaucoup moins. 

Le personnel éducatif, les professeurs et les directeurs de des établissements accomplissent pourtant un travail absolument remarquable. On choisit aujourd’hui les métiers de l’agriculture par passion. Or la passion ne peut pas tout. Elle ne saurait suffire à assurer le renouvellement des générations, lequel représente un défi que nous devons relever si nous ne voulons pas, comme vous l’avez dit, que notre souveraineté soit remise en question. Il faut donc agir avec beaucoup de force et de conviction en matière de rémunération, une dimension qui ne sera jamais occultée, quelle que soit la passion. C’est pourquoi nous travaillons notamment sur cette question avec ma collègue Agnès Pannier-Runacher, sous le contrôle du Premier ministre, en nous demandant comment aller plus loin dans la direction tracée par la loi ÉGALIM.

Deuxièmement, pour susciter des vocations, nous devons aussi montrer à quel point les métiers de l’agriculture sont innovants. L’accès au foncier représente un troisième enjeu. Un travail important a été mené sur cette question par des députés, nous aurons l’occasion d’en débattre prochainement. 

Nous devons ainsi montrer que les agriculteurs sont des entrepreneurs du vivant qui nourrissent le peuple.

J’aime cette définition car elle allie la passion – « nourrir le peuple » –, la complexité qui exige d’être innovant – « le vivant » – et la nécessité d’être rémunéré – « entrepreneurs ». Pour susciter des vocations, nous lancerons au printemps une grande campagne de communication, d’un montant supérieur à 10 millions d’euros, afin de dire que ce sont des métiers de passion, qu’ils recrutent et que nous nous battrons pour eux avec beaucoup de détermination.”

Vidéo – le 06/04/2021

VIDÉO / Avenir de l'agriculture française