Quels dispositifs pour lutter contre la précarité économique des femmes liée au COVID ?

“La crise sanitaire a eu des incidences particulièrement graves sur de nombreux secteurs d’activité et auprès des salariés qui y travaillent. Les femmes ont particulièrement souffert des effets économiques de la crise du covid-19 et cela risque encore de s’aggraver avec le temps.

Une habitante de ma circonscription m’a raconté son quotidien durant les périodes successives de confinement : tout en étant en télétravail, elle devait aussi s’occuper de ses deux jeunes enfants. Cadre dans une grande entreprise, elle n’a pas souhaité s’arrêter de travailler comme le permettaient les dispositifs gouvernementaux ; elle craignait des répercussions sur sa carrière et son avancement. En outre, les secteurs du tourisme, de l’hôtellerie et de la restauration, qui sont très féminisés et où la précarité et les temps partiels sont monnaie courante, se voient encore fragilisés du fait d’un avenir incertain, précarisant les femmes qui y sont majoritaires.

Ces récits de femmes illustrent bien les constats de la note d’étape de France Stratégie sur la pauvreté au temps du covid-19, laquelle souligne que plusieurs des secteurs économiques affectés par la crise sanitaire sont particulièrement féminisés, mais aussi que ce sont surtout les femmes qui ont assuré la prise en charge des enfants – et la charge mentale qui en découle – lors des fermetures des écoles. Pour ces raisons, les femmes risquent davantage de sombrer dans la pauvreté. Les effets de la crise sont accentués concernant les familles monoparentales, elle risque d’affecter durablement les carrières des femmes concernées et de les faire glisser vers la pauvreté.

Monsieur le ministre, quelles mesures allez-vous prendre pour que les conséquences de cette crise sanitaire ne viennent pas aggraver les inégalités déjà existantes ?”

M. Olivier Véran, ministre.

“Monsieur le député, merci pour votre question concernant les répercussions économiques de la crise sanitaire sur la situation des femmes. Il est vrai qu’elle a touché plus spécifiquement les femmes, qui représentent 85 % des chefs de familles monoparentales. Pour cette raison, les mesures mises en place ont protégé, en particulier, les familles monoparentales.

J’en citerai quelques-unes : la plupart des aides exceptionnelles versées pendant la crise ont été majorées pour les familles monoparentales avec enfants ; nous avons permis à ces familles de bénéficier d’une avance sur droits au RSA ou à l’allocation adulte handicapé pendant le confinement ; nous avons également revalorisé l’allocation de rentrée scolaire à hauteur de 100 euros. De façon plus structurelle, nous avons conduit d’importantes réformes pour lutter contre la précarité professionnelle des femmes et les inégalités économiques entre les femmes et les hommes. Par exemple, l’augmentation massive de la prime d’activité à la fin de l’année 2018 – 90 euros en plus au niveau du SMIC – a bénéficié aux familles monoparentales qui reçoivent en moyenne 244 euros par mois, contre 198 euros avant la réforme. J’évoquerai aussi le service public des pensions alimentaires. Il faut évidemment lui laisser le temps de vivre et attendre que les anciens couples s’y inscrivent ; reste qu’à l’avenir, il n’y aura plus jamais de pensions alimentaires mal ou pas versées du tout ; or elles représentent 17 % des revenus des familles monoparentales. Cette réforme essentielle est entrée en vigueur, de façon pleine et entière, le 1er janvier 2021. J’ai déjà parlé des petits déjeuners gratuits à l’école tout à l’heure. Au titre des réformes structurelles, je citerai le Ségur de la santé dont je suis très fier et qui s’est traduit par 8 milliards d’euros de revalorisation des salaires pour 1,5 million de salariés, dont 85 % de femmes. Cela contribue à réduire, à l’échelle du pays, l’écart salarial entre les femmes et les hommes. Il y a aussi l’accès facilité aux crèches et aux différents modes de garde ainsi que les bonus-malus prévus dans le cadre de la réforme du chômage qui permettront de pénaliser les entreprises qui ont recours aux contrats courts, lesquels sont très fortement féminisés. Comme vous le constatez, avec Élisabeth Moreno et Élisabeth Borne, et plus largement l’ensemble du Gouvernement et la majorité, nous avançons sur ce sujet.”

Vidéo – le 04/03/2021

VIDÉO / les répercussions économiques de la crise sanitaire sur la situation des femmes