Tribune du député Luc Geismar

L’été est là, et nous sommes peut-être plus nombreux sur les routes et donc plus nombreux à être sensibles à certains équipements routiers comme les ralentisseurs. Nous en dénombrons 500 000 en France, il est donc impossible de ne pas y être confronté. Mais attention, si personne au départ ne conteste leur rôle, à savoir la réduction des vitesses excessives, leur nombre est en perpétuelle augmentation, et, selon certaines études, 40 % d’entre eux ne seraient pas réglementaires !

Qui n’a pas un jour été confronté à l’inconfort qu’ils créent, mais aussi peut-être à des dégâts matériels ou pire encore, des accidents. Automobilistes, motards, conducteurs de bus, ambulanciers… Ils nous alertent tous sur leur dangerosité et sur la nécessité de faire évoluer la réglementation et les usages. Leurs constats sont sans appel : augmentation sensible de la consommation des véhicules, et donc de leurs émissions de CO2, pollution sonore, dégâts matériels, insécurité routière…

La multiplication de ces équipements est un fléau qu’il nous faut à tout prix réguler. Car l’absence de contrôle ne peut correspondre aux promesses d’amélioration de la qualité de nos routes.

Leur bilan environnemental, par exemple, devrait être positif, puisqu’ils sont censés réduire la vitesse. Pourtant, plusieurs associations démontrent que les ralentisseurs créent une augmentation des émissions de gaz à effet de serre, du fait de la succession des ralentissements et des accélérations des véhicules. Il en découle alors une augmentation de 28 % des émissions de CO2. À cela s’ajoute une autre pollution, sonore cette fois, occasionnée par le freinage et les raclements des voitures sur des ralentisseurs souvent trop hauts. A l’heure où l’écologie est un enjeu primordial, ces éléments sont à prendre en considération dans nos politiques urbaines et environnementales.

Les accidents devraient également être moins nombreux. Mais les associations de motards et d’automobilistes rapportent des accidents de la route causés par des ralentisseurs mal positionnés, trop hauts, mal entretenus, causant des dégradations sur les véhicules (pare-chocs, amortisseurs). Ils peuvent même occasionner des chutes et des accidents, créant des blessures et dommages corporels. La politique actuelle en matière de ralentisseurs favorise sans le vouloir ces accidents et cela n’est pas acceptable.

Et enfin, les ralentisseurs peuvent également créer des maladies professionnelles et aggraver des pathologies. Que ce soit pour les conducteurs de bus, pour qui le passage de ralentisseurs plusieurs fois par jour peut causer des douleurs chroniques ; que ce soit pour les blessés passagers des ambulances, que les ralentisseurs peuvent faire souffrir inutilement ; que ce soit pour les médecins urgentistes, dont les ralentisseurs rendent les gestes médicaux plus difficiles à effectuer, mettant en péril la santé des personnes prises en charge ; ou que ce soit pour les femmes enceintes qui craignent pour la santé de leur fœtus, les ralentisseurs représentent une source d’inquiétude ou de danger pour de nombreux utilisateurs des routes.

Accélération des accidents de la route, accélération de la dégradation des conditions de vie, accélération des émissions de CO2, accélération de la facture d’entretien des véhicules, accélération des coûts de réparation des véhicules, accélération des maladies professionnelles etc. Au final, la seule chose que les ralentisseurs ralentissent vraiment, c’est le plaisir d’emprunter les routes de France.

Afin que nos routes ne soient plus un parcours d’obstacle quotidien, les ralentisseurs doivent redevenir l’exception de nos politiques publiques de sécurité routière.

Ce que je demande au Gouvernement, c’est de mener une politique plus ambitieuse pour ralentir les véhicules. Il apparaît indispensable de contrôler, en toute indépendance, les dispositifs existants et, si besoin, de faire réaménager ou détruire ceux qui seraient potentiellement dangereux.

Je demande au gouvernement la création d’un organisme indépendant dont la mission serait de recenser ces équipements, et d’en effectuer le contrôle. Il serait chargé de valider la pertinence de nouvelles implantations, d’en mesurer leur impact environnemental, de contrôler périodiquement l’usure des dispositifs existants, de réaménager ou de supprimer ceux qui présenteraient une dangerosité, et
de mener des expérimentations pour trouver des alternatives plus opérantes.

Pour finir, les normes en matière de ralentisseurs sont floues, et il faudra en redessiner les contours, afin d’avoir une réglementation cohérente, applicable et connue de tous.

Rendons nos routes plus sûres,
ralentissons les ralentisseurs !

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À l’Assemblée – le 5/08/2021

Ralentissons les ralentisseurs